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murailles ? dit George ; allons graver notre nom sur ce rocher.

— Allons, dit Arthur.

— Ne perdons pas notre temps, dit Gustave, ce rocher est trop éloigné.

— Il ne peut être éloigné de plus de cinq à six milles, dit George.

— Pas autant que cela, dit Arthur, et je désire monter sur cette éminence, d’où l’on doit jouir d’un spectacle magnifique.

— Vous vous faites illusion sur la distance, dit Gustave ; vous savez comme moi que la pureté de l’air rapproche les objets ; je crois ce rocher à plus de trente milles d’ici.

— Oh non ! dit Arthur, cela ne se peut pas.

— Et d’ailleurs, dit George, il se trouve dans la direction du chemin de la caravane : si dans une heure nous n’y sommes pas rendus, il nous sera facile de rebrousser chemin et de reprendre notre route.

— À cette condition, je vous suivrai, dit Gustave, et tous trois lancent leurs chevaux au galop.

Dans leur ardeur, ils ne s’aperçoivent pas que le temps s’écoule ; obligés de faire de grands détours pour éviter des ravins où leurs chevaux n’auraient pu passer, ils ne regardent pas en arrière pour remarquer où ils ont passé et par où ils devront revenir.

Gustave est le premier à s’apercevoir que le soleil commençait la dernière partie de sa course. Il arrête, tire sa montre et, voyant qu’il est deux heures, il dit à ses amis :

— Il vaut mieux retourner sur nos pas ; voilà près de cinq heures que nous chevauchons vers ce rocher, qui semble reculer devant nous ; il me parait aussi éloigné que ce matin.

— Nous y arrivons, dit George, avançons encore ; il est tout près.

— Je le répète, dit Gustave, il est aussi près qu’il était ce matin ; nous ferons mieux de rebrousser chemin.