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regard fier et intelligent, tenant dans ses bras une jeune fille inanimée, celle dont on déplorait la perte en ce moment.

Qu’était-elle devenue ? À plus tard la réponse.

Avec les débris des voitures brisées, on fit des cercueils, et sur le soir, on enterra les morts dans une grande fosse creusée à cette fin. Et quelles tristes funérailles, loin de toute habitation et dans un grand désert ; que de pleurs et de gémissements de la part des parents et des amis. Mais jetons le voile sur ce tableau et revenons à notre récit.

Le lendemain, on se remet en marche ; mais, contrairement à l’habitude, on n’entendait plus les conversations habituelles, les chants joyeux ou les cris de joie des enfants courant à travers la prairie pour s’amuser.

George et Arthur surtout étaient inconsolables de la perte de leur sœur chérie, et avaient fait des reproches amers à leur père d’avoir entrepris ce voyage. Gustave, voyant qu’ils se laissaient aller à la tristesse et au découragement, résolut de les égayer autant que possible, et cherchait tous les moyens de les distraire.

Deux semaines plus tard, notre caravane s’engageait dans les Côtes-Noires (Black Hills), remarquables par leur hauteur et leur déclivité.

De ce point, la nature change ; la surface de la terre semble avoir été bouleversée par des secousses et des tremblements de terre ; des ravins très profonds nous paraissent avoir été creusés en une seconde ; des pics de toutes les formes semblent avoir été élevés par une force magique. On croit distinguer l’existence de volcans éteints, au pied desquels on aperçoit des précipices qui ont dû être formés par la lave ; les pierres calcinées et rougies qui les bordent, nous font voir que le feu doit les avoir rongées. Plus nous approchons des montagnes Rocheuses, plus ces ravins et ces précipices sont profonds et fréquents.