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de rencontrer le regard de son fils, elle prit le parti de rentrer à la maison.

Chemin faisant, l’image et les fleurs se présentaient à son imagination troublée, comme pour lui reprocher sa conduite à l’égard de ses enfants.

Qu’est-ce que cela signifie ? se dit-elle, je n’ai fait que mon devoir en empêchant ma fille de se livrer à des pratiques d’idolâtrie, et… pourtant… pourquoi ce remords que j’éprouve ? Non… ce n’est pas un remords… c’est une faiblesse de ma part. Après tout ce n’est qu’une… oui… ce n’est qu’une image de papier, c’est une superstition qui veut s’emparer de moi, et il me faut chasser ces sombres idées de mon esprit.

Dès qu’elle fut entrée à la maison, elle fit connaître à son époux ce qui venait de se passer.

M. Dumont lui fit des éloges et lui dit :

— Dieu te bénira, chère épouse, pour les efforts que tu fais afin d’empêcher nos enfants de se livrer à des superstitions et à des actes d’idolâtrie ; je te félicite et je t’approuve de tout mon cœur.

Gustave, après avoir ramassé son image et les fleurs, en fait un bouquet dans le dessein de le faire présenter à sa mère par Alice. Ces fleurs, pensait-il, témoins de l’insulte faite à l’image de Marie, pourront peut-être, dans leur langage, parler à maman mieux que moi-même.

En entrant à la maison, il voit, au regard sévère de son père, que celui-ci avait eu connaissance de toute l’affaire. Au souper, il prend sa place et, suivant sa coutume, il fait le signe de la croix, et récite à voix basse le « bénédicité. »

— Arrête-toi, lui dit M. Dumont d’un ton irrité, ne fais plus cela en ma présence, je te le défends.

— Pourquoi donc, cher père ?

— Parce que c’est mal, c’est une pratique superstitieuse suivie seulement par les papistes.