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CHAPITRE XVII

une tempête dans la prairie. terrible accident. une chasse au buffle. les loups.


Gustave se retire l’âme pleine de tristesse à la suite de cet entretien ; le sommeil, qui aurait pu chasser les pensées amères dont son cerveau était rempli, fuyait ses paupières inondées de larmes. Son père, sa mère et sa sœur lui apparaissent tour à tour ; il voit ces dernières tristes et abandonnées.

Les incidents qui s’étaient passés depuis le commencement de ce voyage viennent assiéger son esprit déjà trop surchargé ; il se souvient que, plusieurs fois, son père ne l’avait pas regardé d’un bon œil lorsqu’il le voyait en compagnie d’Emily ; il comprend alors l’attention que portait ce dernier à cette demoiselle si jeune.

Son cœur pur n’avait rien vu ou voulu voir jusqu’à présent, mais les paroles prononcées par son père durant ce dernier entretien, avaient déchiré le voile et mis au jour des choses capables de lui causer de nouveaux chagrins.

Ah ! mon Dieu, se dit-il, veuillez éloigner de moi ces pensées, et je vous conjure de ne pas permettre que mon père s’oublie ainsi.

Minuit sonne, et Gustave n’a pas fermé l’œil ; il se lève et se hâte d’ajuster sa ceinture où pendaient ses pistolets ; puis, jetant sa carabine sur son épaule, il sort.

Son père, qui l’attendait, lui dit d’une voix émue :

— Vous sommes menacés d’un violent orage, couvre-toi en conséquence.