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— Ils doivent être épuisés de fatigue à la fin de chaque journée d’un tel travail, dit George.

— Quels sacrifices, quelles privations et quelles fatigues ! dit Emily. Ils doivent être bien convaincus de la vérité de leur croyance pour s’en imposer autant.

— Il y en a qui s’imposent de tels sacrifices par conviction, dit Gustave, et il faut espérer que Dieu leur en tiendra compte ; mais, je crois qu’il y en a beaucoup d’entre eux qui agissent ainsi plutôt sous l’empire que leurs passions exercent sur eux. Ils ont en perspective la terre promise où, comme l’a dit l’apôtre l’autre jour, le lait et le miel couleraient en abondance, et que tout leur viendrait sans travail et sans peine ; que les gentils seraient bientôt leurs serviteurs, et beaucoup d’autres choses encore.

— Vous avez raison, dit George ; cette secte n’est autre chose qu’une flatterie des passions, et je plains…

— Arrête-toi donc, dit Arthur en l’interrompant ; ne sais-tu pas que ce sont ces saints du dernier jour qui doivent ?…

— Régénérer le monde ; reprit George ; c’est cela que tu voulais dire, n’est-ce pas ?

Quelques semaines plus tard, notre caravane s’arrêtait au pied d’une montagne de sable qu’elle devait gravir le lendemain.

Jusqu’ici, il ne s’était passé rien d’extraordinaire, et personne n’avait éprouvé le moindre accident.

On venait de terminer la prière du soir ; je dois dire ici que les prières du matin et du soir se faisaient toujours en commun ; elles étaient précédées de quelques avis de l’apôtre, puis suivies de cantiques en l’honneur de Dieu, qui produisaient le plus bel effet, par suite du grand nombre de chanteurs et de chanteuses, au milieu de cette immense prairie.

— Couchez-vous de bonne heure, dit le capitaine, la caravane devra se mettre en marche à trois heures demain matin.

À l’heure indiquée, notre caravane commence la