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— Ne parle pas ainsi, s’écrièrent ensemble George et Arthur ; tu nous attristes. Qu’un seul de ces sectaires ose seulement te regarder, et nous lui ferons voir ce qui serait mieux pour lui.

— Et vous pouvez compter sur moi au besoin, dit Gustave avec émotion ; j’ai, moi aussi, une bonne sœur comme la vôtre. Heureusement, Dieu a permis qu’elle ne soit pas de ce voyage ; mais vous, mademoiselle, la remplacerez dans la protection que je lui aurais donnée si elle était avec nous.

— Merci, dit Emily d’une voix tremblante.

— Et nous, dirent George et Arthur, nous vous remercions de la bonté et de l’égard que vous venez de témoigner à notre sœur ; et de ce jour, veuillez nous regarder comme vos frères.

— Oui, chers amis, dit Gustave, mais laissons de côté la tristesse qui commence à s’emparer de nous, chassons toute pensée lugubre. Il vaut mieux se distraire et s’amuser. Voyez-vous ce petit arbre en avant de nous ? Je propose une course pour voir qui va arriver le premier. En êtes-vous ?

— Oui, oui, répondirent-ils, et, piquant leurs chevaux, ils les lancèrent au galop ; la victoire, cette fois, fut remportée par Emily, qui maniait un superbe coursier avec plus d’adresse que ses compagnons.

Ces derniers, piqués de leur défaite, voulurent prendre leur revanche, et de nouvelles courses furent proposées. On se fit un plaisir d’accepter, et à partir de ce jour, la plus franche gaieté ne cessa de régner entre ces jeunes gens qui s’étaient juré amitié et secours mutuel au besoin.

Deux jours après le départ, notre caravane avait établi son camp au bord d’une petite rivière qu’il fallait traverser le lendemain. Un seul coteau la séparait de la grande prairie qu’elle devait suivre dans toute sa longueur. Les voitures étaient placées en hémicycle, ainsi que cela se faisait toujours, pour prévenir toute attaque, les hommes pouvant, de l’in-