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Mais, je parle comme si vous m’aviez accepté comme ami ou compagnon.

— C’est pour cela, dit George, que mon frère et moi sommes venus vous rejoindre.

— Merci.

Et tout en galopant, tous trois se mirent à causer. On parla de collège, d’études, de ces temps joyeux qui, hélas ! n’étaient plus.

— Ils étaient arrivés sur le sommet d’un grand coteau. Frappés du magnifique coup d’œil qui se présentait à leurs regards, ils arrêtent leurs chevaux pour le contempler.

— Quel beau spectacle ! et que Dieu est grand dans ses œuvres, dit Gustave. Voyez ces immenses prairies ondulantes, et cette ceinture d’arbres qui les entourent ; ne dirait-on pas un beau et gigantesque jardin ?

— Oui, répondit George ; cette vue me fait souvenir du domaine de papa ; ces arbres qui bordent les prairies me représentent les plantes qui entouraient nos terres, et dont la verdure ne le cédait pas à celle que nous voyons devant nous. Et dire qu’il a laissé un si beau domaine pour se rendre dans un désert.

— C’est sa nouvelle religion qui en est la cause, dit Arthur.

— Peste de nouvelles religions ! reprit George.

— Mais, mes amis, dit Gustave en souriant, il faut bien quitter quelque chose pour devenir saint. Et c’est un beau pays que nous avons devant nous.

— Oui, un beau pays, dit Arthur, mais attendez ; dans quelques jours, tout ne sera pas rose comme aujourd’hui. Bientôt, nous allons quitter ces belles prairies pour nous engager dans un désert, où nous allons rencontrer des sauvages, des loups, des serpents, et que sais-je ? avec lesquels nous aurons maille à partir.

— N’essaie donc pas de nous faire peur, dit une voix douce en arrière d’eux.

Tous trois se retournent pour voir qui parlait ainsi.