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CHAPITRE III

la chapelle au jardin. — le signe de la croix.


C’était par une belle soirée d’automne, le soleil, achevant sa carrière, semblait s’ensevelir dans les eaux calmes du lac Champlain, qu’il couvrait d’une nappe d’or toute resplendissante. Les nuages, bordés de teintes rougeâtres et dorées, se berçaient mollement dans les airs ; les petits oiseaux entonnaient leur hymne du soir, en gazouillant, une dernière fois, leurs chants mélodieux avant de se réfugier dans leurs nids. Bientôt le bruit du jour fut suivi d’un silence profond, interrompu seulement par le bruit sourd et mélancolique des chutes “Winooski,” situées en arrière de la ville.

Gustave, quoique jeune encore, avait appris à comprendre ce langage mystérieux de la nature, cet appel éloquent au repos et à la prière.

— Quelle délicieuse soirée, dit-il à sa sœur. Si tu le veux, chère Alice, nous allons dresser une petite chapelle et nous ferons notre prière ensemble.

— Oh ! oui, répondit Alice, commençons tout de suite.

Pendant qu’Alice cueille des fleurs et en fait un bouquet, Gustave se met à croiser les branches des vignes pour en former une niche de verdure. Après l’avoir complétée, il prend le bouquet de sa sœur et le place au milieu ; puis, prenant une image de la sainte Vierge qu’il avait dans son livre, il la met au-dessus. Choisissant ensuite les plus belles fleurs, il les dispose