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tenir secrètes. Dans les temps actuels, où une orgueilleuse sensibilité et la différence des croyances entraient impossible la pénitence publique, l’Église, qui a toujours voulu conserver la pieuse tradition, ne change pas, remarquez bien, mais permet un mode plus secret de pénitence et autorise ses enfants à substituer des œuvres de miséricorde ou de piété aux anciens canons pénitentiaux.

— Mais, dit M. Dumont avec dérision, qu’allez-vous faire de l’indulgence plénière ? Il n’y a pas de limite à celle-là.

— Ne parlez donc pas ainsi, monsieur ; vous devez connaître les conditions exigées par l’Église pour obtenir l’indulgence plénière ; cependant, puisque vous me paraissez les ignorer, ou plutôt les avoir oubliées, laissez-moi vous dire que vous ne devriez pas vous railler des indulgences, vu que le ministre protestant les accorde sans condition ; combien de fois n’a-t-il pas dit qu’il suffisait de demander à Dieu le pardon de ses péchés pour être lavé et nettoyé de toute souillure ? Qu’est-ce que cela, sinon une indulgence plénière ? L’Église catholique est plus exigeante que cela, il lui faut plus qu’un aveu ou une simple demande ; elle veut une profonde humilité devant Dieu, la confession de nos péchés, accompagnée d’un grand repentir et d’une ferme résolution de ne plus pécher, pour en obtenir le pardon ; c’est-à-dire qu’elle exige une vraie conversion, et déjà il est aisé d’entrevoir que le péché trouve dans l’indulgence plénière son plus mortel ennemi ; elle veut encore que nous recevions dignement la sainte communion. La confession et la sainte communion reçues dignement remettent la peine éternelle. Le tout doit être suivi de l’aumône, si nous le pouvons, de la prière pour l’Église toute entière, pour ceux qui l’ont abandonnée, pour la paix et la bénédiction du ciel pour tous, et enfin de toutes autres bonnes œuvres que l’on est en état d’accomplir, telles que le jeûne, la mortification,