et traitée comme mère par Dieu le fils, choisie pour épouse par Dieu le Saint-Esprit ; celle enfin qui a eu le bonheur de porter un Dieu dans son sein, de l’allaiter de son propre sein, de le porter dans ses bras et de lui prodiguer toute la tendresse d’une mère ? Dites-le-moi, jamais honneur et dignité aussi grands ont-ils été conférés aux hommes et aux anges ? Non, rien même qui en approche. De plus, n’est-il pas raisonnable de croire que cette mère, tant aimée et respectée sur la terre par Dieu le fils, peut obtenir plus que nous ? Ce fils pourrait-il lui refuser quelque chose ? Écoutez bien, nous, catholiques, nous prions la sainte Vierge, non pas comme une médiatrice entre Dieu et les hommes, mais parce qu’elle peut intercéder efficacement auprès de Jésus-Christ qui l’aime et la regarde toujours comme sa mère. Et, en cela, nous ne suivons qu’une sainte et pieuse tradition qui remonte aux premiers siècles de l’Église.
— Et les indulgences, dit M. Johnson, elles ne datent pas de bien loin, celles-là.
— Pardon, monsieur, elles sont encore plus vieilles. On accuse notre Église de les vendre à prix d’argent, et à ses fidèles de les acheter pour obtenir le pardon de leurs péchés. Pour qui nous prenez-vous donc ? Pourquoi porter de telles accusations contre notre Église, qui enseigne que vendre ou acheter les trésors spirituels, c’est commettre un sacrilège ? Je ne vous accuserai point, vous protestants, d’autoriser la simonie, quoique nous voyions faire et proposer tant en secret que publiquement des transactions de cette nature, pour obtenir des bénéfices auxquels le salut des âmes est attaché. Je vous dirai tout simplement : tout ce que vous venez de dire, au sujet des indulgences, est une calomnie ; l’indulgence n’a pas de rapport avec la rémission du péché ou avec son châtiment éternel ; elle n’exempte point du repentir ou de la pénitence.
— Alors, qu’entendez-vous par indulgences ? dit M. Johnson.