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mais l’Évangile seulement ; quant à l’autorité, elle est toute dans la Bible,

— Votre propre théorie vous confond. Vous dites : « Lisez la Bible pour y trouver la vérité et la vie, c’est elle qui possède toute autorité, n’en reconnaissez point d’autre ; » et cependant vous réclamez le droit d’interpréter vous-mêmes cette autorité en la prêchant à votre manière pour faire prévaloir l’opinion que vous en avez. Êtes-vous logiques en agissant ainsi ? prêchez-vous toujours le texte de la Bible ? l’interprétez-vous toujours correctement ?

— Oui, toujours au meilleur de notre connaissance.

— Permettez-moi de vous demander si vous n’avez jamais donné une interprétation contraire à l’opinion d’un grand nombre de ceux qui vous écoutaient.

M. Dumont, frappé de cette question qui lui rappelait sa congrégation de Saint-Louis, rougit et ne savait que répondre. Son épouse, jetant en même temps la vue sur lui, ajouta à sa confusion. Voulant cependant rompre un silence qui le trahissait, il dit avec chaleur :

— Que voulez-vous dire, monsieur ?

— Que ce qui arrive tous les jours parmi les sectes protestantes. Soyez assuré que je ne voulais vous rappeler aucun souvenir fâcheux.

— Si les chrétiens se soumettaient aux enseignements des pasteurs de l’Église, dit madame Dumont, et cela sans s’occuper de discuter ou de s’arrêter à leur propre volonté, ils seraient plus heureux ; nous ne verrions pas autant de disputes et de dissensions, qui ne sont propres qu’à nous éloigner les uns des autres.

— Prenez garde, madame, il ne faut pas parler ainsi, dit M. Johnson ; toute personne raisonnable doit rendre compte de ses actes et répondre de son âme au jour du jugement ; donc, cette personne ne peut confier son âme à un pécheur comme elle, elle doit employer son intelligence à connaître la volonté de