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des cérémonies pratiquées par les premiers chrétiens, et ne continuez-vous pas la même besogne, uniquement pour imiter et suivre une coutume inaugurée par les réformateurs ? Dites-le-moi, n’est-ce pas pour conserver et continuer une tradition laissée par vos pères ? Que veut dire le mot tradition, sinon une voie par laquelle une doctrine, un usage ou des faits se transmettent d’âge en âge ? Ainsi, ne dites donc pas que vous rejetez toute tradition. Vous en avez rejeté une, il est vrai, malheureusement c’est celle qui vous aurait porté bonheur, pour en accepter d’autres qui, d’après moi, ne vous relèveront pas devant Dieu.

— Et vous gardez la vôtre, dit M. Dumont avec ironie, pour faire croire à vos fidèles que les actes pratiqués par l’Église romaine ont été autorisés par Jésus-Christ et ses Apôtres dans cette tradition.

— Encore le préjugé qui vous fait parler ainsi ; raisonnez donc, monsieur. Notre divin Sauveur, vous le savez comme moi, n’a rien écrit, il n’a pas commandé à ses Apôtres d’écrire ; il n’a laissé aucun commandement pour indiquer aux chrétiens qu’ils devaient lire ce qu’écrivaient les apôtres ; ce n’est, je le répète, que lorsque sa divinité était mise en doute par ceux qui l’écoutaient, qu’il a commandé de lire les prophéties de l’Ancien Testament, seules Écritures existant alors. Qu’a fait Jésus-Christ pour propager et maintenir la religion qu’il venait établir ? Il a ordonné à ses apôtres et à leurs successeurs de la prêcher ; tout est là. De leur côté, les apôtres ont jugé utile de rassembler et mettre en écrit quelques uns de leurs enseignements et les traits les plus remarquables de la vie du divin Maître ; c’est ce qui forme l’Évangile. Le reste, d’après ce qu’ils disent eux-mêmes, ils ont continué à l’enseigner de vive voix. Voilà la tradition.

— Et c’est dans cette tradition, je suppose, que vous trouvez cette autorité divine et infaillible que