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CHAPITRE XIV

la tradition. les reliques. la justification.


Le lendemain, dès la pointe du jour, le vapeur continua sa route. Gustave, s’étant levé de grand matin, se promenait sur le pont tout en prenant soin de voir et d’examiner. La rivière Missouri, malgré son eau boueuse et la tortuosité de son cours, offre de l’intérêt au voyageur ; ses rives escarpées et à demi-rongées par la rapidité et la force de son courant, menacent de s’écrouler à chaque instant et d’entraîner avec elles les grands arbres qui les couronnent ; les nombreux détours que le pilote doit faire pour éviter les écueils dont nous avons déjà parlé, obligent ce dernier d’approcher quelquefois de la rive à un tel point, que les passagers effrayés se demandent si le vapeur ne va point s’y briser.

Tout à coup la cloche sonne, les roues s’arrêtent et les chaînes du gouvernail semblent, se replier sur elles-mêmes.

— La chaîne est brisée, s’écria le pilote.

Alors le vapeur, laissé à lui-même et emporté par le courant, se met à tournoyer avec une évolution si grande, que Gustave, étourdi, tombe sur le pont. Sa première pensée est pour sa sœur, et il s’écrie : Alice, Alice !

Au même instant, le vapeur se heurte deux fois ; notre jeune homme entend ce qui lui paraît comme deux coups de canon partis d’un souterrain, suivis de craquements et de secousses tellement fortes que le vapeur vient sur le point de chavirer.