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je vous prierai d’en faire la lecture vous-même. Mais avant, ajouta-t-il en s’adressant aux passagers, je vous demanderai, messieurs, si vous accepterez les témoignages des Pères de l’Église des cinq premiers siècles ?

— Oui, certainement, répondirent quelques-uns.

— Pourvu qu’ils correspondent avec ceux des Apôtres, dit M. Dumont ; je crains cependant qu’il y ait confusion et différence d’opinion entre eux.

— C’est ce que nous allons voir, dit le prêtre. Commencez votre lecture, mon enfant.

Voici leurs témoignages, dit Gustave, qui lut :

Saint Thomas d’Aquin, 13e siècle :

Or, afin que le souvenir d’un si grand bienfait demeurât éternellement gravé dans notre mémoire, Jésus-Christ a laissé aux fidèles, sous les espèces du pain et du vin, son corps pour leur servir de viande, et son sang pour leur servir de breuvage…

— Mais ce Thomas est du treizième siècle, interrompit M. Dumont, je ne m’étonne pas qu’il ait écrit cela ; il voulait faire valoir sa nouvelle doctrine, l’adoration dans l’Eucharistie, qui fut une des principales causes de la grande réformation qui eut lieu deux cents ans après.

— Prenez donc patience, dit le prêtre, nous allons voir que cette idolâtrie, comme vous l’avez appelée, existait bien longtemps avant lui ; je crains même que vous ne traitiez les Apôtres d’idolâtres tout à l’heure continuez votre lecture.

Gustave, reprenant sa lecture, continua :

Extrait d’un sermon de saint Cyrille, 4e siècle :

La doctrine du bienheureux Paul suffit, elle seule, pour vous rendre des témoignages certains de la vérité des divins mystères, et l’Église vous ayant jugés dignes d’y participer, vous a, par ce moyen, unis à Jésus-Christ si étroitement que vous n’êtes plus avec lui, pour le dire ainsi, qu’un même corps et qu’un même sang. Car ce grand Apôtre disait, dans la lecture qu’on vient