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de son sang et de sa divinité dans l’Eucharistie, sous les apparences extérieures du pain et du vin.

— Vous êtes dans l’erreur, dit M. Johnson, en prenant ou adoptant ces paroles dans leur sens littéral. Vous savez que Jésus-Christ a parlé souvent dans un sens figuré ; par exemple, ne se désigne-t-il pas comme l’agneau sacrifié dès le commencement du monde ?

— Je le sais, mais il n’y a pas un dogme de foi qui sait révélé plus clairement et plus distinctement dans le Nouveau Testament que celui de la présence réelle de Jésus-Christ dans l’Eucharistie.

— Ah ! pour cela, par exemple, s’écrie M. Dumont avec emphase, trouvez-moi un seul texte pour appuyer votre croyance.

— Il faudrait pour cela que vous, prêtres de l’Église romaine, eussiez le pouvoir de changer le pain au corps d’un Dieu et le vin en son sang, dit M. Johnson, et comme cela n’est pas possible, vous commettez un sacrilège en adorant et en faisant adorer une vile matière pour un Dieu. Je vous plains, réellement.

— Et moi, je vous affirme que nous, prêtres catholiques, avons reçu ce pouvoir de Jésus-Christ lui-même.

— Quelle abominable superstition ! s’écrie M. Dumont. Quelle absurdité que de croire qu’un homme puisse faire un Dieu avec un morceau de pain.

— Vous ne prouverez jamais ce que vous dites, continue M. Johnson.

— Ne chantez pas victoire si vite, car elle pourrait bien tourner en défaite. Il y a quelques instants, je vous disais qu’en vertu des paroles de la consécration que nous prononçons, le pain et le vin que nous tenons se trouvent changés au corps et au sang de Jésus-Christ. Or, lorsque le prêtre va consacrer, il cesse de parler en homme ; revêtu de la puissance de Jésus-Christ, il emprunte ses propres paroles, c’est Jésus-Christ qui parle par sa bouche. Pour vous prouver