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de la messe, le sang de Jésus-Christ est versé réellement quoique d’une manière non sanglante, c’est-à-dire non de la manière sanglante qu’il a été versé sur la croix.

— Je ne puis comprendre la différence entre les mots « sans effusion de sang » et « non sanglant. »

— Peut-être bien, je vais m’expliquer. Vous savez que saint Paul dit au chap. XIe de sa 1re Épître aux Corinthiens, verset 26 : Car toutes les fois que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe, vous annoncerez la mort du Seigneur jusqu’à ce qu’il vienne. Eh bien ! nous faisons ainsi dans le saint sacrifice de la messe par la consécration séparée du corps et du sang de Jésus Christ sous deux espèces différentes, car en vertu des paroles de cette consécration, le pain est changé en son corps et le vin en son sang. Mais comme notre Sauveur ne doit plus mourir, son corps et son sang ne sont pas séparés réellement, et Jésus-Christ est entier sous chaque espèce ; cependant par cette séparation mystique du corps et du sang, la mort de Notre-Seigneur, qui consistait en la séparation réelle des deux, c’est-à dire, du corps et du sang, nous est représentée d’une manière frappante et presque visible.

— Comment pouvez-vous affirmer une telle erreur ? dit M. Johnson. Saint Paul ne dit-il pas, dans le texte même que vous venez de citer, que vous mangerez de ce pain et que vous boirez de cette coupe ? Il ne parle pas du corps ou du sang de Jésus-Christ comme vous le faites. Vous vous êtes placé dans une position critique en citant un texte qui ne peut que vous confondre.

— N’allez pas si vite, dit le prêtre en souriant, lisons le verset suivant du même chapitre, le voici : Or, quiconque mangera ce pain ou boira la coupe du Seigneur indignement, sera coupable du crime contre le corps et le sang du Seigneur. À présent, dites-moi, comment manger du pain et boire du vin indignement,