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passagers ; mais, malgré sa vigilance, ils étaient debout, y compris M. et madame Dumont, et attendaient avec impatience que la cérémonie commençât.

Revêtu de ses ornements sacerdotaux, le prêtre célèbre la sainte messe. Gustave l’assiste dans la célébration du saint sacrifice.

Le moment de la communion arrivé, le prêtre s’avance vers notre héros et lui présente l’hostie ; alors il jette la vue au ciel, de douces larmes inondent sa figure sur laquelle on lit la joie et le bonheur… il communie, sa bouche se ferme… sa tête s’incline… et un murmure sourd parcourt le salon.

Le prêtre se tourne alors du côté de la malade, qui laisse entrevoir ses ardents désirs jusque dans ses traits ; elle se soulève sur sa couche et fait des efforts inouïs pour prendre une posture respectueuse ; on dirait, à la voir, qu’elle va recevoir le remède qui doit la ramener à la vie.

Elle a communié… elle se retourne et dit d’une voix pleine d’onction : Merci, merci, mon Dieu. Jésus-Christ, mon Sauveur, faites… mais elle ne peut achever, et, sans aucun effort, elle rend le dernier soupir.

Cependant le sourire et la joie restent imprimés sur sa figure ; ses bras, en retombant, restent croisés sur sa poitrine, comme pour conserver le précieux dépôt qui vient de lui être confié ; sa vue, fixée vers les régions célestes, indique que déjà elle jouit du bonheur des élus.

Le prêtre la contemple en souriant ; Gustave, les yeux baissés, prie avec ferveur ; toutes les dames fondent en larmes ; l’une d’elles s’écrie :

— Je n’ai jamais vu une personne mourir avec autant de bonheur.

Une autre ajoute : Oui, cette dame est heureuse ! quelle mort édifiante !

— Madame Dumont s’écrie à son tour : Une religion qui prépare aussi bien le fidèle à son lit de mort