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gustave

On venait de faire un grand détour, lorsque Gustave attire l’attention de sa sœur vers une tache blanche au milieu de la rivière à une certaine distance.

— Je la vois, dit Alice, et elle paraît grandir à mesure que nous avançons.

— Serait-ce un vapeur qui serait échoué là ? dit Gustave un peu plus tard.

— C’est justement ce que j’allais demander.

On attendit encore quelques minutes ; alors plus de doute : ils distinguent la moitié de la cabine supérieure du bateau, les tuyaux qui fument encore ; ils voient la foule qui se bouscule sur le dernier pont ; ils entendent des lamentations, des cris de détresse, des appels au secours.

— Ah ! mon Dieu, s’écria Alice ; c’est un vapeur qui vient de sombrer, et ses passagers vont périr.

Gustave se précipite vers le grand salon, et donne l’alarme ; aussitôt grand émoi parmi les passagers de notre vapeur ; le capitaine s’empresse de donner l’ordre de pousser à toute vapeur pour secourir ces malheureux naufragés ; les chaloupes sont mises à l’eau, et des hommes s’y précipitent pour saisir ceux qui étaient entraînés par le courant.

Sur le pont du vapeur naufragé, les hommes, les femmes et les enfants se heurtent et se bousculent ; les uns, à genoux, implorent Dieu avec ferveur, d’autres se livrent au désespoir et maudissent leur sort. Une mère, affolée par la terreur, cherche et appelle sa fille, en poussant des cris lamentables ; un père se jette à l’eau pour arracher des flots un membre de sa famille ; des enfants demandent en pleurant leur père ou leur mère qu’ils ne peuvent point trouver ; tous tendent des bras suppliants vers notre vapeur.

Plusieurs de nos passagers ne peuvent retenir leurs larmes.

En arrivant près du lieu du naufrage, notre capitaine commande la plus grande précaution. Serrez-