Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/116

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
116
gustave

d’obéir à un représentant d’un pouvoir spirituel ?… Mais… assez de ces pensées, et se levant tout à coup, elle sortit pour se distraire.

Deux jours plus tard, M. Dumont, voulant maintenir son opinion, envoya sa démission comme pasteur de cette église qui l’avait si bien reçu quelques mois auparavant.

Quelques membres d’une secte à Saint-Joseph, s’étant séparés d’elle pour fonder ce qu’ils appelaient « l’Église Évangélique du Christ, » eurent connaissance de ce qui était arrivé à M. Dumont. Croyant avoir trouvé en lui un modèle des premiers Apôtres, ils s’empressèrent d’envoyer deux délégués auprès de lui pour le prier de venir jeter les fondements de la nouvelle secte. Le traitement offert fut jugé suffisant par M. Dumont, qui s’empressa de l’accepter.

Force lui fut donc de replier son bagage qui n’avait eu que quelques semaines de repos.

Avant de partir, il alla faire ses adieux à M. Lewis, qui fut fort surpris de son départ. Ce monsieur, à force d’instances, obtint la promesse que aussitôt le mois de septembre arrivé, Gustave et Alice reviendraient chez lui, l’un pour entrer au collège, et l’autre pour être la compagne de sa fille au couvent où il devait les placer.

Voilà notre famille en route encore une fois. Le trajet par eau entre Saint-Louis et Saint-Joseph est de quatre cent quatre-vingt-seize milles, dont vingt milles sur le fleuve Mississippi, et le reste de la distance sur la rivière Missouri, qui débouche dans la première à cette distance de Saint-Louis.

Le vapeur y était engagé depuis plus d’une heure ; Gustave et Alice se tenaient à l’avant, et prenaient un soin particulier à examiner la rapidité du courant, l’eau sale et boueuse, les troncs d’arbres échoués sur des battures, et formant des écueils dangereux que le pilote devait éviter en faisant de nombreux détours.