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peu sévères sur la conduite de son troupeau spirituel. Dès le lendemain, les syndics lui envoyèrent une lettre, le priant de se rétracter ou de se démettre de sa charge. Il fit part de cette communication à son épouse et sortit en disant qu’il était bien décidé à maintenir son opinion.

— Que pensez-vous de cette manière de faire, maman ? dit Gustave après que son père fut sorti : on a bien raison de dire que le protestantisme a été fait pour les protestants et qu’il est commode comme religion. Parce que papa, en sa qualité de ministre de Jésus-Christ, a voulu leur reprocher leur conduite, en leur enseignant ce qu’ils devaient éviter, on lui signifie de donner sa démission. Ce n’est pas sa doctrine qu’ils veulent, mais bien la leur ; ce sont eux-mêmes qui prétendent enseigner ce que papa doit prêcher ; on dirait vraiment qu’ils ne gardent un ministre que comme un objet de luxe. Trouvez-vous cela en rapport avec la dernière recommandation de Notre-Seigneur au 28e chapitre de saint Mathieu ? Voici ce qui y est dit :

Allez et enseignez toutes les nations, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Qui vous écoute m’écoute, et qui vous méprise, me méprise.

— Arrête, Gustave, dit madame Dumont, d’après ce que tu viens de dire, tu voudrais me faire croire que Jésus-Christ a ordonné d’obéir en tout aux Apôtres qu’il a laissés sur la terre, ainsi qu’à ceux qui prétendent être leurs successeurs, et cela sans s’occuper de la Bible qui nous a été donnée pour notre guide.

— Oui, maman, nous devons obéir en tout aux doctrines enseignées par les Apôtres et leurs successeurs ; car ils ne peuvent errer dans leur enseignement.

— Alors, pourquoi saint Paul ordonne-t-il à tous de lire les saintes Écritures, ajoutant que c’est en elles que nous trouverons la vérité et la vie ? Il n’aurait pas donné cet ordre, s’il avait voulu une sou-