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Nous montons encore ; à droite est une grande salle remplie de jeunes orphelins, dont plusieurs sont encore au berceau ; nous sommes émus de l’attention délicate que des jeunes sœurs portent à ces petits êtres ; elles les portent dans leurs bras et les caressent comme si elles étaient leurs propres mères. À gauche sont les aveugles, et les sourds-muets, à qui l’on apprend à lire et à écrire.

Mais je me hâte, il serait trop long de tout énumérer ; notre œil a tout vu, tout examiné et nous descendons satisfaits d’avoir trouvé exactement le contraire de ce que nous pensions y rencontrer. Nous prenons le dernier escalier, juste au moment où les sœurs s’assemblent pour prier ; elles ont toutes le même regard chaste et humble, et un pieux sourire, qui dénote la paix intérieure de l’âme, effleure leurs lèvres ; nous aimerions à les suivre pour prier avec elles, mais cela est impossible, la nuit approche et, pour nous, le temps de partir est arrivé.

La supérieure est au bas de l’escalier et nous attend ; d’une voix douce et aimable, elle s’informe de notre fatigue, s’excuse de ne pas avoir prévu notre visite.

— Madame, répondons-nous, soyez assurée que nous sommes enchantés, et que nous venons de goûter un plaisir jusqu’ici inconnu pour nous.

Nous lui demandons quelle était la position de toutes ces bonnes sœurs avant d’être entrées ici.

Elle nous répond que la plupart d’entre elles étaient des filles bien élevées, dont les parents sont riches ou occupent de bonnes positions dans la société ; que la plupart ont tout quitté, parents, amis, honneurs, richesses, etc., pour venir s’enfermer dans cette maison, où elles travaillent toute la journée, et même la nuit, auprès des malades, des infirmes et des orphelins.

— Madame, lui disons-nous, comment cela peut-il se faire ? laisser le monde, le bonheur et les richesses