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continuons ainsi notre visite jusqu’à la cuisine, remarquable par son étendue.

Quel ordre, quelle propreté, pensons-nous, et nous ne pouvons nous empêcher d’en faire un compliment à notre guide. Mais, dit l’un de nous, veuillez donc nous dire, madame, quelles sont ces charmantes sœurs là, près du feu. Elle nous répond d’une voix pleine de douceur : L’une est la fille d’un comte français, l’autre est la fille unique d’un seigneur anglais.

— Comment ! disons-nous tous les deux, avons-nous bien entendu ; vous dites qu’elles sont les filles de seigneurs puissants ?

— Oui, messieurs, elles ont quitté les plaisirs, les richesses, des partis avantageux, en un mot tout ce que le monde pouvait leur offrir d’agréable, pour venir ici laver les chaudrons.

Frappés d’étonnement, nous nous sentons attirés à elles, et nous demandons à notre guide de nous présenter. Toujours empressée à satisfaire nos moindres désirs, elle nous présente, et nous entamons la conversation.

Leurs réponses témoignent de leur haute éducation ; leurs regards, chastes et purs, rencontrent notre vue, que nous sommes obligés de baisser malgré nous ; ravis de leur jeunesse et de leur beauté, rehaussées encore par une coiffure plus blanche que la neige, nous hésitons à passer outre, mais notre guide nous presse, et nous montons à l’étage principal, où sont les bureaux et les classes.

Avant de les visiter, nous entrons dans la chapelle et nous sommes frappés du parfum de sainteté qui règne en ce lieu. Agenouillées au pied des autels, trois ou quatre religieuses nous paraissent comme en contemplation ; leurs figures, sur lesquelles sont empreintes les plus belles vertus, sont rayonnantes de bonheur. C’est avec peine que nous sortons de cette chapelle, qui nous a fait penser au paradis ; nous sommes vivement impressionnés et nous sentons qu’il