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directoire (1798).

de Nelson devait être le signal du réveil général que les puissances devaient profiter du moment où la plus redoutable armée de la France, et son plus grand capitaine, étaient enfermés en Égypte, pour marcher contre elle, et refouler dans son sein ses soldats et ses principes. Les suggestions furent extrêmement actives auprès de toutes les cours. On écrivit en Toscane et en Piémont, pour réveiller leur haine jusqu’ici déguisée. C’était le moment, disait-on, de seconder la cour de Naples, de se liguer contre l’ennemi commun, de se soulever tous à la fois sur les derrières des Français, et de les égorger d’un bout à l’autre de la Péninsule. On dit à l’Autriche qu’elle devait profiter du moment où les puissances italiennes prendraient les Français par derrière, pour les attaquer par devant, et leur enlever l’Italie. La chose devait être facile, car Bonaparte et sa terrible armée n’étaient plus sur l’Adige. On s’adressa à l’Empire dépouillé d’une partie de ses états, et réduit à céder la rive gauche du Rhin on chercha à tirer la Prusse de sa neutralité enfin on employa auprès de Paul Ier les moyens qui pouvaient agir sur son esprit malade, et le décider à fournir les secours si long-temps et si vainement promis par Catherine.

Ces suggestions ne pouvaient manquer d’être bien accueillies auprès de toutes les cours mais toutes n’étaient pas en mesure d’y céder. Les plus