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ruine inévitable. On avait fait prendre au peuple de Naples la cocarde anglaise ; Nelson était traité comme un dieu tutélaire. On avait ordonné la levée du cinquième de la population, espèce d’extravagance, car il eût suffi d’en bien armer le cinquantième, pour prendre rang parmi les puissances. Chaque couvent devait fournir un cavalier équipé ; une partie des biens du clergé avait été mise en vente ; tous les impôts avaient été doublés enfin ce faiseur de projets malheureux, dont tous les plans militaires avaient si mal réussi, et que la destinée réservait à des revers d’une si étrange espèce, Mack avait été demandé à Naples pour être mis à la tête de l’armée napolitaine. On lui décerna le triomphe avant la victoire, et on lui donna le titre de libérateur de l’Italie, le même qu’avait porté Bonaparte. À ces grands moyens on ajoutait des neuvaines à tous les saints, des prières à saint Janvier, et des supplices contre ceux qui étaient soupçonnés de partager les opinions françaises.

La petite cour de Naples continuait ses intrigues en Piémont et en Toscane. Elle voulait que les Piémontais s’insurgeassent sur les derrières de l’armée qui gardait la Cisalpine, et les Toscans sur les derrières de celle qui gardait Rome. Les Napolitains auraient profité de l’occasion pour attaquer de front l’armée de Rome ; les Autrichiens en auraient profité aussi pour attaquer de front cette de