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vers l’Anse Pleureuse, où il attendit l’arrivée des victimes du naufrage.

Le matin du 3, la tempête s’étant apaisée et la mer étant devenue plus calme, deux barges furent appareillées. On alla chercher les malheureux, plutôt morts que vivants, qui gémissaient loin des habitations, dans un abri ouvert de tous côtés. Des toiles furent étendues dans les embarcations, et on y déposa, dans la position qui leur convenait, les impotents, et le corps de Mme Laprise, qui fut inhumé ensuite au Mont-Louis.

Aucune contrariété ne survint pendant le retour au village ; le débarquement se fit aussi sans difficulté. Mais le bon missionnaire, qui voulut en être témoin, ne put s’empêcher de verser des larmes à la vue des marins sur lesquels l’infortune avait fait sa marque. Ce visage hâle, défiguré, ces yeux caves et ternes, ces lèvres crispées, ces membres immobiles, disaient assez ce que les af-