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Après avoir retiré la pauvre femme de sa position, on la transporta au rivage près du feu qu’on avait allumé dans un angle du rocher où Laprise et les deux matelots anglais s’étaient rendus quelques instants auparavant.

Laprise avait la consolation de revoir son épouse ; mais hélas la mort était déjà maître de sa victime. Une demi heure après le débarquement, elle rendit le dernier soupir, entre les bras du mari désolé. Il est facile d’imaginer la douleur qui s’empara de lui, dans cette terrible épreuve, qu’il eut à subir après tant d’autres.

Pendant qu’une scène aussi poignante se passait au pied du cap, les gens de l’Anse Pleureuse débarrassaient le brigantin de tous les effets laissés à bord par les marins. Chacun faisait son paquet ou s’emparait d’un objet qu’ensuite il allait porter à terre. Les sauveteurs avaient l’habitude de se payer ainsi, lors de presque tous les naufrages, pour leurs troubles et leur secours.