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devait dire un bien poignant adieu à son mari.

Celui-ci, le cœur déchiré par la douleur, dit en sanglotant :

— Ma chère femme, je ne sais pas quoi faire. Il n’y a aucun moyen pour toi de débarquer.

— Mon cher mari, répondit l’épouse résignée, sauve-toi s’il est possible. Il vaut mieux que je périsse seule.

La séparation se fit au milieu de gémissements à fendre le cœur de l’homme le plus barbare.

Tous les marins, Castagne excepté, passèrent ensuite sur le mât. Une épaisse couche de glace le recouvrait. Le second, à la terre ferme, recevait ses compagnons, qui, une fois parvenus à l’extrémité de la pièce de bois, glissaient sur une corde tendue sur l’eau. Malheureusement, le capitaine ne put atteindre le rivage. Épuisé de fatigues et ayant les mains gelées, M. Duquet perdit l’équilibre, au passage d’une lame. Le vaillant