Page:Thiboutot - André Castagne ou Histoire d'un vieux marin, 1882.djvu/10

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 8 —

s’écria : « Tenons-nous tous ensemble après cette amarre. Si la mer nous enlève d’ici, nous périrons les uns à côté des autres. » Le hardi marin avait déjà vu le danger de bien près, mais jamais encore son âme n’avait été accablée d’un pressentiment aussi pénible que celui qu’il éprouvait à cette heure suprême.

Une lueur d’espérance traversa le cœur du premier matelot, André Castagne. Il alla chercher une petite hache dans la cabine dans le but de couper les haubans du grand mât et le faire tomber, afin d’alléger le vaisseau. Au moment où notre héros s’emparait de l’instrument, une vague brisa une partie de la cabine et emporta les débris. Castagne ne se déconcerta point cependant. Il se mit aussitôt à l’œuvre.

Le premier hauban coupé, le grand mât tomba de lui-même, du côté du cap. De suite on s’aperçut que le bâtiment était moins balancé.

Alors, les marins se groupèrent au milieu du pont et se cramponnèrent à un