Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la facilité de sa plume. La seconde fois par Drumont, qui créa et entretint l’affaire Dreyfus. Veuillot et Drumont, journalistes des presbytères, n’avaient réussi qu’à hâter, le premier le vote des lois laïques, le second la séparation de l’Église et de l’État. En frappant le journal et les journalistes qui succédaient à l’Univers et à la Libre Parole, Rome suivait la ligne et utilisait l’expérience d’une mémoire tenace.

Pour s’être laissé conduire par la Libre Parole dans l’affaire Dreyfus, le clergé français a paru devant le pays un bloc noir d’action antirépublicaine. L’Église n’entendait pas courir une troisième fois, dans un pays républicain, pareille aventure. Elle y coupa court avec rigueur, et même, chez certains prélats, avec brutalité, par des refus de sacrements et d’obsèques, comme au temps de la bulle Unigenitus, qui n’eurent rien de paternel, et où l’on sentit toute l’aigreur du conflit professionnel entre ces deux chefs rivaux de l’opinion : le clerc enseignant et le journaliste laïque.

Voilà pour éclairer le passé et l’avenir de ce