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s’adapter sans déchoir, telle est la situation nouvelle illustrée et rendue consciente, en 1832, par la condamnation non plus d’un homme et d’un in-folio, Jansénius et l’Augustinus, mais d’une équipe et d’une feuille volante, qui portent ce nom, gros de menaces ou de promesses, qu’elles ont réalisées : le mouvement de l’Avenir, — mouvement et avenir. Le Sillon, beaucoup plus fort par ses orateurs que par son journal, relevait encore de la chaire à prêcher. Au contraire, l’Action française est un mouvement de journalistes, nullement d’orateurs. Or, sans remonter plus haut que la troisième République, il faut reconnaître que l’Église a été conduite deux fois à une catastrophe par de grands journalistes. La première fois par Veuillot, le principal responsable : d’abord du grand refus de Chambord en 1873 ; ensuite de ce bellicisme contre l’Italie unifiée, qui fit passer auprès du pays pour un danger de guerre l’Assemblée conservatrice élue pour la paix ; enfin de ce recours quotidien au miracle, de ce mysticisme d’écrivain irresponsable et irréaliste qui transpose en facilité des choses