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pour happer au gigot l’ouaille indépendante.

Il faut cependant établir entre le Sillon et l’Action française une distinction. La condamnation du Sillon a été prononcée par Pie X sur une question de discipline, la discipline des cercles sillonnistes, que Rome jugeait trop indépendants des évêques, et qui durent se dissoudre. Mais la lecture du journal de Marc Sangnier ne fut pas interdite, et le Sillon ne fut pas l’objet d’une condamnation doctrinale. Au contraire, la condamnation de l’Action française est portée contre un doctrinaire laïque, d’ailleurs étranger aux croyances catholiques, et contre un système d’idées qui, ayant conquis de nombreux catholiques, a dû être examiné par Rome, dès l’époque de Pie X, sur l’ordre du pape, par des censeurs patentés. Il est remarquable que le même prélat, le cardinal Andrieu, fut chargé de solliciter, avec la certitude de la réponse, l’avis de Rome sur le cas du Sillon et sur celui de l’Action française. Et un observateur ironique, placé dans la coulisse derrière le vieux soldat de Rome, reconnaîtrait que les deux mouvements ennemis sont en