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êtes jeune, vous devriez nous faire quelque chose. » Pascal promit d’essayer : quelques jours après il apportait à ses amis la première Provinciale.

On a coutume de déplorer le mal que les Provinciales ont fait à l’Église, en provoquant et en entretenant une fièvre polémique dont l’incrédulité et la Révolution profitèrent seules. Et ce n’est pas inexact, mais il faut aussi voir le bien. Port-Royal (mi-clérical, mi-laïque) et Pascal ont introduit dans le catholicisme français ce qui en est demeuré non seulement la marque propre, mais le levain actif : la parole donnée aux laïques, sur les mêmes matières qu’aux clercs, et avec la même efficace ; un laïcisme para-clérical qui se fera parfois anticlérical, en réponse à ceci, que, par position, le clerc se fera plus ou moins antilaïque, mais les deux chevaux, malgré leur rivalité, traînant le même char. Depuis la mort de Massillon, la littérature catholique éminente est toute laïque, à une exception près, qui confirme singulièrement la règle : Lamennais (ajoutons, pour notre temps, l’abbé Bremond, ce fruit d’automne