Page:Thibaudet - Les Idées politiques de la France, 1932.djvu/68

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pourrait être dans l’Europe d’aujourd’hui un saint-simonisme purifié, continué, rajeuni, un industrialisme éclairé, social, rationnel, bienfaisant.

La vertu de Fontaine, c’était, dans la lucidité paisible d’un technicien et l’intellectualisme méthodique d’un cartésien, un souci moral, une idée, une pratique du bien, et une sorte de religion sans dogme, mettons celle de la rue Visconti. Et nous touchons ici au besoin fondamental et à la grande difficulté de l’industrialisme, à la raison aussi de son échec actuel.

L’industrialisme est trop fort sur le terrain des intérêts pour paraître avec autorité sur le terrain des idées. Il éclate trop de chair pour éclater aux esprits. Il y a là un fossé qui ne peut être franchi que par le coup d’aile et le coup de génie. C’est ce qu’avait compris le saint-simonisme.

Mais d’un siècle à l’autre, entre le saint-simonisme de 1821, celui du Système des Industriels, et l’industrialisme de 1921, celui des comités d’industriels, il y a cette différence absolue, cette différence dans la durée,