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Le cas de Fontaine, moins mêlé à l’action politique que Thomas, et plus près des sources spirituelles, est ici le plus intéressant. Comme les saint-simoniens Michel Chevalier, Fournel, Lambert-Bey, comme Le Play, Fontaine était un polytechnicien entré dans les Mines, devenu un des grands « commis » de la République, ainsi que Chevalier et Le Play l’avaient été de Napoléon III, Lambert du khédive. Comme directeur du Travail, il mit sur pied la législation ouvrière de la République radicale qui suivit l’affaire Dreyfus. Très cultivé, très artiste, aussi familier avec le monde des lettres qu’avec le monde des affaires, l’un des fondateurs, avec Desjardins, de l’Union pour l’Action morale, puis pour la Vérité, président des Conseils d’Administration des Chemins de fer de l’État, des Mines de la Sarre, du Bureau International du Travail, engagé de tout son être dans les œuvres de rapprochement international, également écouté des intellectuels, des industriels, des ouvriers et des politiques, Fontaine a figuré pour nous, pendant dix ans, l’idée même de ce que