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tâtillonne des vieux patronats, et il a collaboré (quitte à éprouver des désillusions rapides) à la fondation du Bureau International du Travail, de qui il espérait peut-être plus une fonction de frein qu’un rôle de moteur.

On discerne d’ailleurs sur ce point une pensée et un élan qui vont de mieux en mieux sur la ligne du saint-simonisme. La création du Bureau International du Travail est une œuvre profondément saint-simonienne. Dans le langage saint-simonien on pourrait appeler le B. I. T. le Parlement des Industriels, de même que la Société des Nations a réalisé sur un plan œcuménique ce Parlement général réclamé par Saint-Simon dans le mémoire de 1814 sur la Réorganisation de la Société européenne. Mais l’esprit de la Société des Nations, depuis 1920, n’a rien de commun avec celui du saint-simonisme, tandis que les deux animateurs du B. I. T. ont été deux Français non à vrai dire saint-simoniens (il n’y en a plus), mais d’esprit nettement saint-simonien, Arthur Fontaine et Albert Thomas.