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opposerait volontiers l’entreprise grande-bourgeoise du saint-simonisme, qui est de production et d’action, à l’entreprise petite-bourgeoise du phalanstère fouriériste qui est de consommation et de jouissance. Le saint-simonisme est une mystique de la production et de l’amour de l’humanité. Ce serait donc un contresens que de ranger le saint-simonisme sous l’étiquette de ce qu’on appelait au temps de Louis-Philippe les Intérêts. En évoquant ici la tradition saint-simonienne, nous entendons indiquer que l’industrialisme ne consiste pas nécessairement et uniquement dans un matérialisme d’intérêts.

L’INDUSTRIALISME D’APRÈS-GUERRE

La question de ce qu’on pourrait appeler un industrialisme doctrinaire et politique, sinon un néo-saint-simonisme, se posa en France au début de l’après-guerre. Les organes de la production fédérée, les grands comités industriels, qui dirigeaient la réfection de l’outillage, ne se sont pas contentés