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l’héritage (je dis le saint-simonisme et non Saint-Simon lui-même) et que l’industriel est pour lui le travailleur de l’industrie, quelles que soient sa partie ou sa fonction. Mais il établit et maintient avec force ces deux idées : que la politique est subordonnée à l’économique, — que l’économie organisée et dirigée de la production constitue le grand intérêt humain. Cependant, quels que soient les rapports étroits de la doctrine de Saint-Simon, Enfantin et Bazard, avec la mystique socialiste, l’influence et le développement du saint-simonisme jusqu’à la fin du xixe siècle n’ont à peu près aucun caractère ouvrier. Le saint-simonisme fournit un élan et un idéal à l’esprit de la grande industrie et à l’exécution des grands travaux. Les saint-simoniens Pereire gouvernent les entreprises ferroviaires, bancaires et immobilières de la monarchie de Juillet et du second Empire. Le canal de Suez, dont Enfantin et Lambert-Bey allèrent étudier les plans et organiser l’idée à un moment où Ferdinand de Lesseps était consul au Caire, est resté le type de l’entreprise planétaire saint-simonienne. On