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n’est pas encore certainement bien mis.

Quant au libéralisme politique, c’est-à-dire à la forme et à la nature de liberté politique compatible avec l’État centralisé et la tradition de la monarchie administrative, qui ne sont pas libéraux, une des raisons de son silence, c’est que la République ne lui a presque plus rien laissé à désirer. L’influence électorale des préfets, toute-puissante sous le second Empire, n’a plus qu’une valeur d’appoint. Si l’on demandait quelle est la loi essentielle et utile de la République, celle qui mieux que toute autre a assuré son triomphe et sa durée, il nous faudrait nommer la loi de 1884 sur l’élection des maires, la plus hardiment libérale que le pouvoir central ait jamais donnée aux trente-six mille communes de France. Dans toute la France, sauf à Paris, qui connaît des compensations et qui a cessé de se plaindre, la République est le régime du maire élu. Aucun gouvernement ne s’était dessaisi d’une pareille part de pouvoir électoral et administratif. Les deux banquets des maires, celui de Carnot et celui de Loubet, après le boulan-