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rience libérale de l’esprit nouveau échoua, avec l’affaire Dreyfus, non du fait de la République, mais du fait de l’Église, qui, entraînée moins encore par les évêques que par les congrégations enseignantes et les trente mille prêtres abonnés de la Libre Parole, ressuscita les temps de la Ligue, et prit place, dans les conditions les plus absurdes, parmi les troupes d’assaut de la dernière bataille des vieux partis contre la République. Dès lors la séparation dut être tout le contraire d’une mesure de libéralisme, tout le contraire de l’esprit de Coppet, elle fut une mesure de défense républicaine, la défense républicaine contre les séculiers, comme les lois contre les congrégations avaient procédé de la défense républicaine contre les réguliers. Les libéraux passèrent un mauvais quart d’heure : la presse de gauche ne les appelait que les libérâtres, et les vacances du libéralisme furent marquées par les excès sectaires du combisme, les expulsions de religieux, la guerre civile des inventaires, la foire d’empoigne des liquidations, tout ce qui excita, sur l’Aventin des