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libéraux, probablement un, doivent être le comte d’Haussonville, grosse personnalité du quai Conti, favorable à Faguet, et figure d’ailleurs fort sympathique.

Le pluriel s’entend pourtant très bien, car, derrière le comte Othenin, il faut comprendre Coppet, et sa séculaire famille franco-suisse, catholico-protestante, qui est en effet pour nous la maison-mère du libéralisme. On conçoit que la question religieuse, vue du château vaudois des Necker, comporte une idée de la séparation des Églises et de l’État. Et un républicain, un bonapartiste, un clérical, un royaliste traditionnels, auraient fait observer à Faguet que ce libéralisme lui venait par une « échancrure », celle de Genève et de Coppet, alors dénoncée par ce douanier anti-Rousseau du nationalisme, qui s’appelle Maurras.

L’hypothèse d’après laquelle le fait d’accepter la séparation constitue une pierre de touche du libéralisme n’en porte d’ailleurs que mieux. Elle est d’autant plus intelligente, d’autant plus digne du Coppet staëlien, que depuis 1902, et sous les yeux de Faguet lui-