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la possibilité, pour l’opposition, de prendre le pouvoir à son tour. D’où est donnée, dans le sinistrisme immanent au jeu électoral, une carence du contrôle parlementaire général. C’est à cette carence que supplée la littérature. Les idées de droite, exclues de la politique active, rejetées dans les lettres, s’y cantonnent, y militent, exercent par elles, tout de même, un contrôle, exactement comme les idées de gauche le faisaient, dans les mêmes conditions, au xviiie siècle, ou sous les régimes monarchiques du xixe. Paris reste plus fidèle à son rôle historique qu’il ne le semble. Il était de l’opposition sous les rois. Il reste de l’opposition sous la République. Sous l’œil (droit) de l’opinion et de la presse parisiennes, les départementaux de gauche sont maintenus dans un état de contrôle gênant, après tout salutaire. Pas assez gênant ni salutaire, peut-être, dira-t-on, si l’on songe à l’énorme pouvoir qui reste au gouvernement sur la presse. Quoiqu’il en soit, il y a là un vieux problème d’équilibre français, qui se résout empiriquement, et vaille que vaille.