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Nous touchons ici au problème du spirituel républicain, ce spirituel dont l’histoire n’a pas encore été faite. La République, qui eut contre elle, pendant toute une génération, l’Église, fut comme obligée, par la lutte anticléricale, de se former une conception du monde moral, de fonder et d’enseigner un spirituel d’État, antitraditionaliste par position. Il y a dans le langage populaire un certain ton, un certain accent mis sur le mot : « la République », et où l’on reconnaît infailliblement cet indéfinissable sens spirituel. Le Vive la République ! du temps de l’affaire Dreyfus en aura peut-être été l’expression la plus claire. Il est à remarquer que République s’emploie ou s’employait malaisément dans le sens temporel. Un temporel républicain pur eut bien son système : l’opportunisme, et le gouvernement de la République, lorsque les Intérêts le dirigent, devient, semble-t-il, un temporel pur. Mais il l’est alors avec une conscience craintive. Il se garde de toucher au spirituel, et s’il y touche, il est brisé en dépit des Intérêts. Le groupe délégué particu-