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animatrice de la République, cela a été formulé par le théoricien même du progrès, Condorcet, en une phrase connue : la tâche essentielle de l’État consistant dans un effort continuel pour améliorer le sort de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre. Les saint-simoniens l’ont repris dans les mêmes termes. On dira que cet effort n’a rien au xixe siècle de particulièrement républicain, et qu’en général la législation ouvrière de la troisième République n’a fait que suivre, avec du retard, les exemples donnés par l’Angleterre et par l’Allemagne. C’est qu’ici, de la législation ouvrière, de la protection du travail, de l’amélioration pratique des conditions par la sollicitude du gouvernement, toutes choses où les monarchies et les dictatures ne le cèdent en rien aux Républiques, il faut distinguer les idées religieuses du progrès sur terre, du bonheur pour tous, de la condition humaine transfigurée, qui sont devenues une sorte de substitut laïque et d’idéal concurrent du catéchisme.

Cet idéal et ce mouvement répondent à un sentiment humain profond, facilement