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presse des munitionnaires. Il ne semble pas que la peur brute des catastrophes suffise à diminuer très sensiblement le potentiel moral de guerre. L’évolution pacifiste du socialisme français (car il y a, malgré l’Internationale, autant de socialismes que de pays) doit être tenue pour un phénomène autonome, qui remonte à une trentaine d’années, et dont Jaurès a été le principal auteur.

LE SOCIALISME ET LE PROBLÈME DE LA PAIX

Dès lors le socialisme demeure le parti, et la doctrine socialiste demeure la doctrine, du pacifisme constructif, ouvert et résolu. Il réalise, comme parti, la paix, de même que le radicalisme réalise l’école. Et l’idée socialiste s’oppose ici, de trois manières, à l’idée radicale.

1o Le radical fidèle à sa fonction d’infanterie, patriote et pacifique, veut la paix dans la sécurité, la dignité et le respect des contrats. La France radicale sera pacifique, mais forte, — forte, mais pacifique. M. Her-