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et les intérêts. Pourquoi alors appelez-vous un intérêt de classe, ou même l’intérêt général, une idée ? Saint-Just, lui, emploie le mot idée cartésiennement, dans un sens très général : aussi bien sentiment, désir, volonté. Le socialisme est un parti d’intérêts, comme les autres, plus que d’autres, — plus par exemple que le radicalisme, qui, du fait qu’il met au premier plan la politique scolaire, professe un idéalisme, alors que le socialisme dit : Matérialisme d’abord. Qu’on opte pour l’intérêt de l’ouvrier contre l’intérêt du patron, pour l’intérêt prolétarien contre l’intérêt bourgeois, soit : où est l’idée ? »

Entendons-nous. En politique, il n’y a jamais de solution de continuité entre les idées et les intérêts, et les idées consistent à systématiser les intérêts, à les placer dans un ordre général humain, et même, si l’on veut, à les voir en Dieu. Telle était la fonction de Lamartine, délégué dans la Chambre à la fulguration des idées. Quand il prononçait des discours sur les intérêts sucriers, les journaux disaient que M. de Lamartine cultivait la betterave dans les nuages. Mon Dieu ! la