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sociales, cette éventualité est exclue des mœurs politiques françaises depuis les plébiscites de Napoléon III. Le protocole républicain est celui-ci : cadres, électeurs, Parlement, loi. Le citoyen est alors soumis à la loi, non la loi au citoyen. Ainsi le citoyen subit aujourd’hui une loi, qui, préparée par les cadres et faite par le Parlement, eût été repoussée en France, si elle eût été soumise au referendum, comme elle l’a été en Suisse : c’est la loi des assurances sociales. L’école unique passerait-elle au referendum ? C’est extrêmement douteux.

Reconnaissant que ses électeurs n’eussent pas voté la loi des assurances sociales, que lui-même a votée, l’éminent député radical de Castelnaudary, aujourd’hui membre du gouvernement, M. Mistler, écrivait l’autre jour qu’après tout il n’avait pas de préjugé contre le referendum. Il vaudrait la peine que la question fût posée devant l’opinion publique. Les partis de gauche le repousseront toujours, et, même si le referendum traversait les barrages de la Chambre, il serait fauché devant les chaises curules du Luxembourg par les