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l’Ecclesia nolens. Comme les livres de la Sibylle, ces destins demeuraient les mêmes, sauf ceci, qu’entre l’offre et le consentement, deux batailles avaient été perdues.

Mais ces deux batailles perdues n’en ont que mieux lié l’avenir de l’Église à une acceptation ouverte et à une utilisation habile de la règle du jeu démocratique. Elle ne tient plus à perdre d’autres parties, et a dû reconnaître qu’elle perdait toutes les fois que ses couleurs servaient d’atout dans le jeu de la réaction.

Ce que Lamennais avait fort bien compris, c’était que la séparation de l’Église et l’État profiterait au Saint-Siège : l’ultramontanisme fait la liaison entre le Lamennais de l’Essai et le Lamennais de l’Avenir. Et en effet Rome a gagné ce qu’a perdu Paris. Le Concordat (les deux Concordats, celui de François Ier et celui de Napoléon) obligeait Rome à passer par Paris pour gouverner l’Église. La séparation oblige Paris à passer par Rome pour parler à l’Église. La séparation telle que la concevaient les radicaux était la séparation de l’État d’avec les mem-