CONCLUSION 465
Evanouir du songe ordinaire de dos Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos Une sonore, vaine et monotone ligne,
•— le Vers... Cette généralité de la forme, qui nous im- pose d’abord, non point comme dans les beaux vers de la poésie ordinaire (songez aux plus éblouissantes gerbes verbales du Satyre) l’image suscitée par le vers, la chose dite ou peinte, mais bien le vers lui-même, la chose qui dit ou qui peint, le Cogito poétique, Mallarmé dans les poèmes de sa dernière période toujours l’essaye ou l’approche, en fait la raison de son écrit ; seulement, grandes orgues du vers définitif, elle n’apparaît dans sa plénitude qu’à des intervalles rares.
Le transparent glacier des vols qui n’ont pas fui.
(Le Vierge, le vivace.)
Qu’un éclate de chair humain et parfumantt (Mes bouquins refermés.)
Le pur vase d’aucun breuvage
(Surgi de la croupe et du bond.)
Le Génie qu’à propos de Mallarmé « il m’amuse d’é- lire » n’évoquerait que des Idées. ’Foute description matérielle, toute réalité exprimée pour elle-même, tout YUt pictura poesis disparaîtrait. Ce Génie aurait dérobé à la musique le secret que Mallarmé dut lui laisser, celui de recréer la vérité profonde sans médiateur, de la re- créer non comme image mais comme vérité nue, d’être non une imitation de la nature, mais une nature et, se- lon la pensée de Schopenhauer, l’en soi du monde immé- diatement senti. Si la Messe parut à Mallarmé la forme suprême, aujourd’hui, de la vie idéalisée, c’est qu’elle ne produit pas un simulacre, mais implique sur l’autel la Présence réelle de Dieu. Le Génie qu’il présage ferait «vscendre, par la consécration poétique, dans le langage, une présence non plus symbolique et calviniste, mais réelle et catholique. La méditation de la musique, la ré-