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CONCLUSION f 439

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taire, C’est lo sien, sans doute, le cas où « par sa dis- traction pousséo loin, écarte le jeu qu’il la compose, l’imprévoyant se soit laissé péremptoirement reconnaître de l’appellation de Maître puis sortirait dp rêves, en l’es- timant murmurée avec sérieux devant lui et, élargissez le rire à crever cette farce, peut-être, une fois, ici — que ce touche un homme ponctuel et scrupuleux, obligé par convenances intérieures, plutôt que s’en dédire, de répondre avec renonciation, en effet, des quelques aperçus généraux, propres à des disciples ’ ».

L’influence qu’il eût voulu propager tenait en peu de mots, ceux de la vieille consigne parnassienne : être bon ouvrier, faire son métier dans une probité intégrale. Exemple personnel, non matière doctrinale : jamais Mallarmé n’indiqua ou n’inspira le moindre secret do métier,

Cette influence s’exerça, on le sait, beaucoup plus par sa conversation que par son œuvre. Mallarmé passa pour un des plus fins causeurs de son temps. Et peut-être regretta-t-il parfois ce don qui, fait à lui, paraissait iro- nique : lui, qui vivait dans le culte du livre, et qui. dit M. Mauclair, « n’eût jamais voulu noter une causerie » parce que « le langage parlé, à ses yeux, n’avait aucun rapport avec le langage écrit » se vit aimé et admiré pour ce qu’il disait plus que pour ce qu’il écrivait. Que fut cette conversation ? il faut rapprocher les témoi- gnages croyables.

« Il parlait, dit C\I. Camille Mauclair, altiè’rement et comme dans une église, avec une solennité atténuée que complétait la gravité spéciale de son geste du doigt levé... Le trait dominant de cette causerie était une faculté d’apercevoir les analogies, développée à un degré qui rendait fantastique le sujet le plus simple... Il associait des sensations que nous n’eussions jamais cru pouvoir rapprocher. Il ne concevait rien de la réalité comme accessoire ni privé de sens, ’fout lui était allégorie,

1. Divagations, p. 337.