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Hérodiade, comme l'Après-Midi, comme la Prose, comme la plupart des sonnets, le poème est construit sur le thème de l’échec, et se termine sur l’indication lointaine de quelque mystérieux espoir. Deux images simples, qui forment une trame poétique à l’Idée : celle de h mer et des flots, puis celle d’étoiles, la première du coup de dés lancés, la seconde du ccup de dés retombés. La typographie discontinue, les phrases jetées sur les blancs, s’accordent très intentionnellement à ces images de flots épars, puis de constellations pareilles sur le noir aux points du dé sur le blanc. Une logique subtile et bizarre ramène presque Mallarmé à ces formes visuelles du poème que l’on tentait autrefois par jeu et dont Rabelais use bouffonnement dans sa Bouteille. Et il est curieux de voir ce calembour typographique de la Bouteille rabelaisienne retrouver un peu de sa figure dans Un Coup de Dés, dont le sujet est en somme celui de la Bouteille à la Mer d’Alfred de Vigny. Le procédé a été sérieusement exploité depuis par Apollinaire et l’école de l’Élan.

Formes visuelles qui se lient d’ailleurs à Un certain rythme. Que Mallarmé ait un peu le droit de parler ici de vers libres, tels souvenirs de Francis Vielé-Griffin me le feraient croire.

... Toutes ces voiles qu’ont voit rose pâle
Le long du golfe,
Regarde :
Elles entrent,
Une à une,
Dans l'ombre projetée du promontoire,
Sous ce soleil oblique
De fin d’été...
Le soir
Sort du rivage et gagné les îlots
Avec le vent de terre agile sur les flots.
(Myrtis d’Anthédon.)

A la musique de cette poésie parfaite, quelque satisfaction des yeux ne se mêle-t-elle pas, à voir que par